P É R I O D E    S U R R É A L I S T E


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Le Dé en est jeté, 1940, huile sur bois

 

   En 1937, âgée de quatorze ans, Madeleine Novarina commence à faire des gouaches fantastiques, qu'admire son cousin Constant Rey-Millet, peintre et fondateur de la revue «Le Taudis». Dans la maison de celui-ci à La Tour en Faucigny, elle rencontre ses amis de passage : C. F. Ramuz, Igor Stravinsky et Jean Giono.

Tableau manifeste, Huile sur bois, 1943

« Il y a autre chose que les formes du visage à détruire,

il y a les formes de l’intelligence. »

Le Toutarien, ou l’animalicieux, 1945

Malheur à celui dont les vertus éphémères s’attaquent à moi

Gouache sur papier, non datée

    Madeleine Novarina fait son premier tableau au début de la guerre, en 1940, alors qu'elle n'a pas encore dix-sept ans, au revers d'un panneau de la Défense Passive indiquant : Secteur A7. Elle y représente un personnage à tête d'oiseau devant un grand dé, dont les faces visibles montrent un A et un Z, et le nomme «Le Dé en est jeté».

Nature-vives

    Madeleine Novarina se plaisait à recueillir des pierres, des bois flottés du lac Léman, des racines, afin de les interpréter au pinceau ou d'en faire des sculptures-assemblages. Elle eut l'idée de composer des "Natures-vives", c'est-à-dire le contraire des natures mortes, en improvisant avec son corps et un objet trouvé ou un paysage choisi, une sorte de tableau vivant.

Voici comment je prends racine,

Série des Nature-vives, 1946

La ceinture de Vénus,

Nature-vive, 1958

IMEC/Fonds Alexandrian

Le monument aux vivants, 1945

Nature-vive composée avec une racine

et le corps de son frère Louis Novarina

IMEC/Fonds Alexandrian

Voici comment je prends racine,

Nature-vive, 1946

    Passant ses vacances à Mar Vivo chez sa sœur Marie Bacharach, Madeleine Novarina improvisa souvent des happenings en plein air, comme Le Second mariage de la mère Ubu, en 1958, qui fut l'objet d'un film amateur. En 1958 également, elle fit des yeux et des bouches avec de la pâte dentifrice à tous les gigantesques cactus du jardin, les transformant en personnages hallucinants surveillant les invités. Madeleine fit là beaucoup de "Nature-vives" avec son propre corps, qui furent photographiées. Dans l'une d'elles, la Ceinture de Vénus, elle  crée un dessin autour de son sexe en le cernant d'un grand collier d'ambre mis en triple torsade.



Madeleine Novarina, Sarane Alexandrian, éditions de l’Amateur, p. 99

La Danse de joie, béton et fil de fer, 1945

IMEC/fonds Alexandrian

Femmes-palettes

    En 1944 et 1945, Madeleine Novarina peignait sans cesse et par tous les moyens, s'emparant d'un fond de chaise décloué pour en faire un tableau, « le Poussin qui s'étonne de la vie », décorant de fresques les murs de sa chambre, et y inscrivant aussi en lettres de couleurs des devises provocantes. Sa vocation de peintre était si forte qu'elle imagina un type de femme à tête en forme de palette; le trou servant à passer le pouce en suggérait à la fois l'œil et la bouche. Cette créature hybride est  représentée dans de grands dessins au pinceau et à l'encre de Chine de sa série des « Scènes du pays d'où » et dans « la Femme de demain » qui lève les jambes en signe d'allégresse.


Madeleine Novarina, texte de Sarane Alexandrian,  p. 27

    Madeleine Novarina disait malicieusement : "J’ai été surréaliste en naissant", - ce qui est d'ailleurs la seule façon de l'être. Pour André Breton, le surréalisme n'est pas une école d'art, mais un tour d'esprit incitant à combiner le rêve et la réalité, afin de vivre pleinement. Ce tour d'esprit, les membres du groupe surréaliste le reconnurent aussitôt à la débutante de vingt-deux ans qui arrivait de Thonon à Paris avec ses premiers travaux. Elle fut invitée d'emblée à prendre part à leur exposition collective de Bruxelles, « Le Surréalisme en 1945 », aux côtés de Magritte, Chirico, Arp et Max Ernst.


Madeleine Novarina et le surréalisme, p. 4

    Madeleine Novarina fait partie du 15 décembre 1945 au 15 janvier 1946 de la première exposition surréaliste de l'après-guerre, « Le Surréalisme en 1945 », organisée à Bruxelles à la galerie La Boétie par Paul Nougé et Marcel Mariën. Son tableau « Trois entreprises », y est placé entre une œuvre de Paul Klee et une de Max Ernst.


    En 1946, Madeleine Novarina se lie avec Victor Brauner. Présentée en juin à André Breton de retour des États-Unis, elle devient membre du groupe surréaliste et assiste à toutes les réunions hebdomadaires. Elle expose deux tableaux, une gouache et deux dessins à l'exposition des Surindépendants.

Projections d’encres : les supervisions

La spécialité de la période surréaliste de Madeleine Novarina fut la projection d'encre sur des grandes feuilles de bristol. Ses encres, qu'elle a appelé « Supervisions », ne sont pas des visions supérieures, mais des visions révisées, supervisées, nées spontanément d'un procédé méthodique ou au contraire élaborées patiemment à partir d'un automatisme expansif.


L'encre était jetée de loin sur la surface ou versée en coulures ; elle la répartissait en faisant tourner la feuille ou en l'inclinant, et cherchait dans les maculatures une vision à dégager au pinceau.

Certaines de ses encres, comme «la Parade nuptiale», «le Couple flânant ensemble», «les Amants dans le désert», «le Feu du désir», représentent un homme et une femme manifestant leur bonheur de se contempler, de danser l'un avec l'autre, de se promener de concert ou de s'embrasser.


Dans «L'Intermédiaire», un personnage qui n'est autre que Victor  Brauner (on reconnaît son œil inquiet, son attitude mi-humble mi-fière de cette époque), provoque la rencontre entre les deux amoureux et semble vouloir empêcher la fille d'aller au garçon.

Varina

    Pour annoncer qu'elle se sentait transformée en femme nouvelle par son divorce d’un premier mariage malheureux en 1956 et sa liaison amoureuse avec Sarane Alexandrian, elle signa « Varina » une suite de gouaches et de dessins d'une folle gaîté, véritables Caprices, décrivant ses ébats avec l’homme aimé.

Œuvres de jeunesse, 1935

Le Retour des hirondelles, 1935

Le Dé en est jeté, 1940, huile sur panneau de bois

La Main aux choses, Nature-vive, 1959

IMEC/fonds Alexandrian

Volet pliant, peinture sur bois, 1952

L’Allégresse de Varina, 1956

Collection Monique Pignet

Gouache sur papier, 1946

Collection Monique Pignet

Madeleine Novarina, par Sarane Alexandrian,  p. 74

Œuvres de jeunesse, gouaches, Femmes-palettes, Nature-vives, Supervisions, et Varina

Gouaches

L’œil des cavernes

1948

Les spectateurs piquants, Nature-vive réalisée avec les cactus d’un jardin de Mar Vivo (Var), 1958

IMEC/fonds Alexandrian

Gouache sur bois, 1946

IMEC/Fonds Alexandrian

Une Princesse des jours meilleurs,

1956, collection Christophe Dauphin

Créature du pays d’où, 1945

Série des Femmes-palettes

La Femme de demain, 1945

Série des Femmes-palettes

Stop ! Ou le douanier de la zone d’ombre, 1948

Concert nocturne au pays d’où, 1948

Le Dîner de l’illustre prédateur 1948

Le Petit arbre à lunettes, 1948

On n’en croit pas ses yeux, 1948

Les Épouvantails vivants, 1948

Le Sabbat dans la montagne, 1948

La faune de mes rêves, 1948

Celle qui danse sur un volcan, 1948

La peinture guidant l’architecte, 1946

L’éblouissement, 1946

Des poules cherchant un homme, 1946

L’enfant trouvé comme un champignon, 1946

Les Amants des hauts sommets, 1946

Collection Christophe Dauphin

T’es pacol de lectiver, 1945

Le poulpe végétal, 1946

Clownerie antédiluvienne, 1947

Apparition de je ne sais

pas quoi, 1948

Acquarelle, 1946

collection Pierre Novarina, Les Gets

Acquarelle, 20 x 28 cm, non datée

collection Françoise Raslovleff

La femme branche, non datée

collection Valère Novarina

Œuvres de jeunesse, 1935

La Mère poule qui a des doutes, 1949

Collection Maison de l’Art Vivant

Ce qu’il se passe là-bas

1948

Cortège barbare, 1949

La gardienne de l’espérance, 1953

La Parade nuptiale, 1955

L’Intermédiaire, 1955

L’Attente du bonheur sous la pluie, 1956

Varina caressée par son chat, 1956

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Le Fruit vivant, 1943

La Coquelicote, 1943

Affiche de Magritte pour la première exposition surréaliste de l’après-guerre, à laquelle participa Madeleine Novarina. Le dernier nom de la liste, Witz, est le pseudonyme de Christian Dotremont, que Magritte avait exclu de cette manifestation.

L’Ensorceleuse, 1946

L’oiseau à la fenêtre, 1946

La Grosse bête enceinte d’un oiseau, 1946

L’Intervenant

1948

Le Jeu mystérieux, 1948

Le Cheveu métallique d’une petite chose, 1948

Le Flirt, 1948

Partir du bon pied, 1945

Série des Femmes-palettes

Au rendez-vous des incroyables, 1956

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